14 févr. 2010

Recette: Un dimanche, vingt minutes, 10 dollars, une victime consantante

Dimanche, 14 heures, on arrive comme une fleur, pomponnée, mais l'air de rien, dans un café où les gens viennent pour travailler, donc sont seuls chacun à leur table. On balaie la salle du regard, s'approche d'un mec mignon, demande si on peut s'assoir, "y a plus de place nulle part" en n'hésitant pas à rire un peu bêtement. On sort son ipod, MAIS ON NE L'ÉCOUTE PAS, non non non, on dénoue le fil, lentement, en remuant d'un air nonchalant les glaçons dans son ice tea. On commande des tapas, qu'on ne mange pas beaucoup, parce qu'une fille, c'est connu, ça n'a pas beaucoup d'appetit, et dans quelques minutes, ainsi, on pourra partager avec le mec d'en face qu'on n'a pas regardé encore une seule fois. Et le mec, tiens un Francais, dira non merci, parce que ceci, parce que cela. Et là, c'est le moment de pas lâcher. Se lancer dans des discussions vraiment tres tres accrocheuses,  mais banales, des questions qui donnent envie de parler, genre "tu preferes la France ou le Québec pour vivre?". Le mec, comme par magie, est lancé. On enquête l'air de rien sur la situation socio économique de la victime (T'habites tout seul? T'es pas étudiant?) et parler de tous les endroits qu'on a visités, Barcelone, Paris, Cuba, pour le côté citadine branchée, en Inde, au Maroc, pour les promesses d'aventure.Dire qu'on veut faire de l'art therapie, qu'on sait pas trop en quoi ca consiste parce qu'on n'a pas encore commencé, mais on aime ça. Le mec a, depuis une vingtaine de minutes, baissé l'écran de son ordinateur. Il écoute, il répond. Dire qu'on aimerait aussi ouvrir une auberge de jeunesse quelque part. Dire que les Francais sont froids au premier abord, que nous, on est tres sociable, la preuve tu vois, je ne suis pas génée de parler avec les gens quand je vais dans un bar. Le mec, du coup, se dit que ce n'est pas un plan drague, que rien n'est gagné, qu'on est juste sociable. Il est ferré le pauvre. Demander, "si t'avais pas d'obligations financières, ce serait quoi ton rêve, quel métier voudraits-tu faire", prendre un air passionné, le faire décoller de son quotidien, de son dimanche soir qui commençait à se remploir de la routine du lundi, "et pourquoi tu te lances pas, tu as quel age?. "

Je vous fais le pari que cette histoire là se termine au moins par un échange de numéro, si ce n'est d'une sortie à deux. Et j'en conclus que pour draguer, il ne suffit pas d'être jolie ici, il faut aussi prétendre être un peu conne, une valeur sure.

17 heures passées... "Est-ce que tu fais quelque chose apres?", lâche-t-elle.
- Après là?...
- Parce que moi je suis libre, maintenant, et j'ai envie de profiter des derniers moments de soleil.
- Euh, ben, carrément, ouais, je vais payer, j'arrive...

On replie lentement le fil de son ipod, on laisse le ice tea se dissoudre dans la glace, on se fait tenir la porte en sortant.

5 commentaires:

  1. c'est quoi ce truc ?? une québ qui drague un français ??...yark
    bon je vais préparer un petit chocolat chaud... une amie qui s'en vient avec... la dernière saison des invincibles ! héhé

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  2. Les québécois ne disent pas "ice tea"

    Patinage artistique...

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  3. oui, c'est drôle je l'ai remarqué moi aussi, elle était tres "world culture". J,ai cru au début qu'elle était française, mais elle avait un accent d'ici, avec des expressions importées. Me demande si elle ajoute pas des expressions etrangeres pour faire plus exotique... Un vrai modèle en la matière crisss

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